L'avenir de l'aéronautique

Rédigé le 11/05/2020


Declaration de la CGT Dassault Aviation, Airbus, Thales, et Safran

Les coordinations des syndicats CGT des principaux donneurs d’ordres de la filière aéronautique, spatiale et défense se sont réunies pour faire le point de la situation.

Le premier constat concerne la pĂ©riode de confinement. Ce sont les salariĂ©s (rattrapage Ă  venir, jours de congĂ©, RTT, diminution de l’indemnisation du chĂ´mage partiel par rapport au conventionnel pour certaines catĂ©gories…), la SĂ©curitĂ© Sociale (garde d’enfants et personnes Ă  risque) et l’Etat (prise en charge du chĂ´mage partiel) qui paient intĂ©gralement la crise.  Les grands groupes se sont exonĂ©rĂ©s de participer Ă  l’effort et, ce faisant, ont alourdi le dĂ©ficit de l’État.

Aujourd’hui, la reprise du travail s’amplifie avec des mesures sanitaires globalement satisfaisantes grâce à la vigilance des représentants du personnel et des procédures de Danger Grave et Imminent (DGI) souvent levées par nos élus.

La CGT continuera à veiller aux conditions de sécurité et de travail des salariés sur les sites. En parallèle, la CGT défend le maintien du télétravail pour éviter les déplacements et les contacts. Cependant, ce recours massif et inédit au télétravail induit des risques nouveaux, c’est pourquoi nous demandons que des règles soient rapidement négociées pour une pratique qui limite les excès et les abus.

Le discours des directions des grands groupes est le même partout. Il faut préserver la trésorerie. Les tentations sont grandes d’ajuster la production aux livraisons, de réduire les investissements et de sacrifier des projets de R&D. Certes, de nombreuses incertitudes existent. Pour autant, les commandes dans le secteur militaire restent à un bon niveau et les annulations de commandes dans le domaine civil ne représentent qu’une part infime et minime des carnets de commandes. Il n’y a pas d’urgence à prendre des décisions qui déstabiliseraient complètement un pan industriel essentiel pour la France et pour l’Europe. Il ne faut pas transformer une crise conjoncturelle en crise structurelle.

Avec la politique de « Risk Sharing Partners », les industriels ont organisé la filière aéronautique en faisant porter une partie des risques financiers aux entreprises sous-traitantes. Ces entreprises concentrent une bonne partie des compétences. Une réduction drastique des commandes ou une pression sur leur prix mettraient des dizaines d’entreprises en danger de faillite. La perte des savoir-faire serait préjudiciable pour la filière et pour l’emploi en mettant à mal des bassins de vie. Les donneurs d’ordres doivent pleinement assumer leurs responsabilités vis-à-vis des entreprises sous-traitantes en veillant à respecter leurs engagements en termes de commandes et de prix.

De mĂŞme, arrĂŞter les investissements, notamment sur les projets de transition Ă©cologique, serait une grave erreur pour que l’aĂ©ronautique rĂ©ponde aux besoins des populations en complĂ©mentaritĂ© des autres moyens de transport. Alors qu’il est impĂ©ratif de garder une maitrise de cette filière, les tentatives de dĂ©localiser ou d’externaliser des activitĂ©s dans des pays Ă  bas coĂ»ts doivent ĂŞtre bannies. Les investissements publics consentis depuis le milieu du 20ème siècle ont permis de dĂ©velopper une industrie stratĂ©gique pour la France et l’Europe. Il serait misĂ©rable de la sacrifier au PanthĂ©on de la finance.

Depuis des dĂ©cennies, les gros actionnaires (fonds d’investissements) profitent très largement des fruits des entreprises de l’aĂ©ronautique, du spatial et de la dĂ©fense. Aujourd’hui, ils doivent se faire une raison. Cette industrie va devenir moins profitable mais ce n’est pas une raison pour la sacrifier. Il devient impĂ©ratif que les pouvoirs publics reprennent les commandes de cette filière. Ils doivent, en s’appuyant sur les acteurs de la recherche, de l’industrie, des forces syndicales ĂŞtre un accĂ©lĂ©rateur d’une transformation  nĂ©cessaire pour rĂ©pondre aux besoins des populations en intĂ©grant la dimension environnementale.

La CGT préconise, à l’occasion de cette crise, de se poser la question fondamentale de la place du travail. Pour travailler tous et travailler mieux, il est nécessaire de travailler moins. Nous revendiquons une diminution du temps de travail avec la mise en place des 32h et des forfaits à 200 jours.

SI la CGT conçoit que des aides peuvent être attribuées à des entreprises de la filière, elle demande que cela se fasse dans la plus grande transparence et de créer une commission sous le contrôle des représentants du personnel.